Chère association d’Ensemble nous sommes le 10e,
Vous trouverez ci-dessous le courrier envoyé au préfet de police de Paris, ainsi qu’au préfet de Région, par Ensemble nous sommes le 10e, afin de soutenir la Halte soins addictions Espace Jean-Pierre Lhomme, dont l’expérimentation arrive à échéance le 31 décembre 2025.
Ensemble nous sommes le 10e a décidé lors de sa dernière réunion mensuelle le 4 nov de demander à toutes les associations qui le peuvent et qui en sont d’accord d’envoyer aussi un courrier. C’est faisable en quelques clics :
Vous pouvez envoyer votre mail en cliquant ici. (Les adresses mails sont dans l’en-tête et vous pouvez bien sûr modifier le contenu à votre guise.)
Ci-dessous le contenu de la lettre :
Objet : Soutien à la pérennisation des Haltes Soins Addictions (HSA) et renforcement de la coopération sécurité-santé-associations de riverains
Paris, le 29 octobre 2025
Monsieur le Préfet de police de Paris,
Ensemble nous sommes le 10ᵉ est un collectif d’associations qui anime tout l’arrondissement depuis 30 ans au service des habitants, là où a été ouverte en 2016 la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) en France, aujourd’hui Halte Soins Addictions (HSA) Jean-Pierre Lhomme. Neuf années d’existence de cette salle nous ont permis d’en mesurer concrètement les retombées positives pour nous, les associations.
La loi encadrant l’expérimentation arrive à échéance le 31 décembre 2025. Nous souhaitons solliciter votre appui pour consolider, dans une logique d’ordre public et de prévention, les coopérations utiles entre services de police, acteurs sanitaires et riverains.
Notre arrondissement – et plus largement le nord-est parisien – est touché de longue date par l’usage de drogues dans l’espace public, conjugué à l’errance et à une précarité extrême. Au début des années 2000, une scène ouverte d’injection s’était fixée près de la gare du Nord. L’ouverture de la SCMR a produit une nette amélioration, comme l’attestent nos observations quotidiennes :
- moins d’injections dans les rues, cours d’immeubles, parkings ou sanisettes ;
- moins de matériel abandonné ;
- davantage de maraudes et d’interventions assurant le nettoyage et la médiation.
L’association Gaïa a, de surcroît, mis en place une ligne de contact pour les riverains et intervient rapidement en cas de signalement. Un comité de voisinage, animé par la mairie du 10ᵉ, a permis d’instaurer un dialogue régulier et d’améliorer le fonctionnement du dispositif.
Plus encore, les relations des associations avec le commissariat du 10ᵉ, les polices SNCF et RATP, et enfin la police municipale se sont renforcées au cours des années. Les effets bénéfiques autour de la HSA Jean-Pierre Lhomme s’étendent au-delà du carrefour Barbès, par cercles de plus en plus élargis, en termes de tranquillité publique et d’apaisement, de salubrité publique et de nettoyage, et de santé publique bien sûr, pour les rues concernées.
Nous ne sommes pas naïfs : une HSA n’est ni une baguette magique ni une réponse unique ; elle n’a de sens qu’inscrite dans une chaîne médico-sociale complète. Mais elle en constitue un maillon indispensable pour des personnes très précarisées, contribuant à réduire les risques, à restaurer la dignité et à (re)créer du lien. Le flux constant d’orientations vers la HSA du 10ᵉ témoigne d’un déficit de structures comparables ailleurs.
Il est donc responsable de pérenniser les HSA et de viser à en planifier l’essaimage. Dans cette perspective, nous sollicitons votre concours sur quatre axes concrets relevant de vos prérogatives :
- Réaffirmer, au titre de l’ordre public et de la santé publique, que les HSA sont des outils de réduction des risques et de tranquillité publique, en distinguant clairement l’action de soins et de médiation menée par les équipes, de toute action de lutte contre les trafics.
- Consolider la coordination opérationnelle entre commissariats, équipes de la HSA et services de propreté : circuits courts de signalement, réponse rapide aux situations, sécurisation des abords, protection des professionnels, des usagers et des riverains.
- Cibler l’action policière sur les réseaux exploitant la détresse (deal, proxénétisme, violences), tout en évitant les interventions qui dispersent l’usage dans des recoins moins visibles, mais plus dangereux pour tous.
- Appuyer, avec les autorités sanitaires et la Ville, une stratégie d’ouverture de dispositifs complémentaires à l’échelle métropolitaine pour réduire les flux vers le 10ᵉ et favoriser une meilleure répartition des prises en charge.
La fermeture de la HSA Jean-Pierre Lhomme constituerait, à nos yeux, une régression majeure – sanitaire, sécuritaire et sociale – dans un arrondissement où arrivent 2 gares et les dessertes d’aéroport ; il suffit de se souvenir que la réduction de l’activité de la HSA, pendant la crise Covid, avait entraîné un report important des consommations dans les parkings ou sanisettes alentour.
Nous vous demandons, en conséquence, de soutenir sa pérennisation et de conforter les coopérations qui en renforcent les effets positifs pour les habitants, les usagers, les services présents dans l’arrondissement, comme pour l’ordre public.
Nous serions honorés de pouvoir vous rencontrer afin d’échanger sur ces propositions soutenues par notre collectif.
Avec notre haute considération,
(Nom / Collectif Ensemble nous sommes le 10ᵉ)
